Rencontre avec…
Une ville, un lycée des livres 2021-2022
Rencontre avec Metin Arditi
lauréat du prix littéraire
2021-2022 : 19ème édition de la manifestation culturelle et de son prix littéraire associant le lycée Henri Cornat et la ville de Valognes, les lecteurs lycéens et les lecteurs adultes.
La thématique cette année était L’art et/dans la littérature. Huit ouvrages étaient en compétition, singuliers par leur approche et leur style, allant de la fiction romanesque à la prose poétique, en passant par le récit né d’une nuit au musée (collection ma nuit au musée, éditions Stock)
A l’issue des tables rondes et de la rencontre des jurys lycéen et adulte, le prix littéraire a été attribué à Metin Arditi, pour son roman L’homme qui peignait les âmes
Né à Ankara (Turquie) en 1945, Metin Arditi est placé dès l’âge de sept ans en internat en Suisse, où il vit encore aujourd’hui et dont il a acquis la nationalité en 1968.
Ingénieur en génie atomique, il est venu tardivement à l’écriture littéraire, au début des années 2000, mais enchaîne depuis les publications, les succès et les distinctions. L’homme qui peignait les âmes est son quinzième roman.
Il est aussi très engagé dans la vie culturelle et artistique, au sein de fondations qu’il a contribué à créeret que souvent il préside : Fondation Arditi (attribue des prix aux diplômés de l’Université de Genève et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, 1988), fondation « Les Instruments de la Paix-Genève » (favorise l’éducation musicale des enfants de Palestine et d’Israël, 2009), « Fondation Arditi pour le dialogue interculturel » (organise des concours d’écriture romanesque entre étudiants israéliens juifs et arabes, 2014), ambassadeur de l’UNESCO depuis 2012, entre autres
C’était donc un honneur pour le lycée et la ville de Valognes de le recevoir et de lui attribuer le prix.
L’homme qui peignait les âmes se situe au XIe siècle et nous conte l’histoire d’Avner, un jeune homme de confession juive, qu’un moine du monastère voisin initie aux icônes. Mais une icône n’est pas un dessin, c’est un acte de foi profonde, l’écriture d’une prière. Par passion, Avner se convertit au catholicisme, rompt avec sa famille, et part sur les routes avec Mansour, un marchand ambulant musulman, pour un merveilleux voyage initiatique qui le mènera d’Acre au désert de Judée, et fera de lui l’un des plus grands iconographes de Palestine. Mais quand la sensualité et l’amour des hommes remplace la foi, le blasphème n’est jamais loin…
Mardi 24 mai 2022, 18h30, salon Marcel Audouard, hôtel de ville de Valognes.
La soirée de réception débute.
Metin Arditi inaugure une rencontre d’un genre nouveau : l’auteur étant resté en Suisse, celle-ci se fera par visioconférence. Mais forts de deux années de crise sanitaire, nous commençons à être rodés à ce nouvel outil , et la ville de Valognes est bien équipée.
L’auteur apparaît en grand écran, avec en arrière plan ce que l’on devine être un bureau ou une bibliothèque,
les organisatrices et les représentants des officiels, ainsi que des lecteurs se succèdent sur l’estrade,
tandis que le public suit les échanges depuis la salle. L’interaction se fera par micro interposé
L’ordre protocolaire est quelque peu changé. La réception s’ouvre par les discours officiels :
Mme Françoise Thurat, adjointe à la culture, fait un discours d’accueil, présentant la ville, son histoire et ses engagements, en écho parfois avec ceux du lauréat.
Mmes Laurianne Thual-Tarin, responsable de la médiathèque et Isabelle Grout, professeur-documentaliste du lycée, à l’origine de la manifestation en 2003 et organisatrices, l’une pour le jury adulte, l’autre pour le jury lycéen, retracent l’historique du prix littéraire de Valognes, puis passent la parole aux représentants des lecteurs
Mlle Gwendoline Bigart-Perez Moreno, élève de terminale, fait au nom du jury lycéen un discours très remarqué et apprécié, dont l’enthousiasme est communicatif, et que la Presse de la Manche reproduira en grande partie dans son édition du surlendemain (voir plus loin)
M. Jean-François Golse, au nom du jury adulte, rend compte d’une lecture très pointue du roman, mise en perspective avec d’autres titres de l’auteur et ses engagements humanistes, et le qualifie d’homme de bien.
Ce qui permet en retour à Metin Arditi de nous offrir une très belle leçon d’écriture, devançant les questions du public, avec une modestie et une humanité aussi grande que sa notoriété, et dont la chaleur se ressent malgré la distance induite par la géographie et les écrans
Puis, après une seconde intervention de Mme Thurat,
M Eric Malgorn, proviseur du lycée Henri Cornat et M Jacques Cocquelin, maire de Valognes se succèdent au micro pour clore l’échange, rendant hommage aussi bien à l’homme qu’à l’auteur, tous deux remarquables
On trinque virtuellement, le prix est présenté à l’écran, avant d’être envoyé par la poste.
L’écran s’éteint, l’auteur nous quitte, et tous les présents se retrouvent, pour quelques minutes encore, autour d’un buffet bien réel, pour échanger sur cette agréable soirée. Certes on aurait bien aimé une dédicace, et la proximité physique, mais balayant les craintes du départ, cette rencontre restera dans les mémoires comme une belle réussite.
Article de la Presse de la Manche du 26/05/2022